Sunday, March 1, 2009

Les Whippets -- Animaux de sport CH1 (en Francais)


Par Jacques BOULENGER
CHAPITRE I

ORIGINE DU On a dit que le whippet ou snap dog était un WHIPPET greyhound en miniature : cela n'est pas absolument exact. Il y a dans l'aspect général du chien, dans ses allures, dans l'expression de sa physionomie et de tout son corps bien des points qui rappellent le terrier.
Son origine est obscure, au reste, et s'il est bien certain que le whippet est le produit d'un croisement du lévrier avec le terrier, il est assez malaisé de déterminer quel lévrier et quel terrier.

M. A. de Sauvenière déclare que la race fut créée vers 1870-1880 par un amateur anglais de fox-terriers, M. John Hammond. Celui-ci aurait croisé plusieurs de ses chiennes avec un levron d'Italie, afin de donner à ses élèves une agilité plus grande et de les rendre plus aptes encore à la course du lapin (rabbit coursing). Les produits qu'il obtint de la sorte réussirent à merveille et gagnèrent tous les prix. D'autres éleveurs imitèrent M. Hammond ; on organisa des courses réservées aux seuls whippets, ou « snap dogs », comme on les appelait ; et c'est ainsi que la race se serait formée.

Mais il est certain qu'elle est beaucoup plus ancienne. M. Angus Sutherland, d'Acrington, rapportait ' qu'en 1845, à sa connaissance,

I. H. Dalziel. British dogs.

M. Sutcliffe Whittan, de Bumley, possédait un lévrier célèbre, nommé Saylor, qui pesait 29 kg. 500 environ. Ce chien saillit une chienne terrier de M. Pickthall, assez haute sur jambes et pesant environ 9 kilogrammes. Ce croisement produisit le fameux étalon Whippet Spring qui pesait u kg. 800, était noir comme son père, et avait la conformation d'un petit lévrier. Spring était sans rival ; il saillit une chienne blanche et noire nommée Peevish ; cette dernière eut Barlick Fly, animal qui ne fut presque jamais battu, mais que Nettle (dont nous parlerons plus loin) finit par éclipser. Je crois, pour ma part, que la première apparition du petit whippet est bien antérieure au x1xe siècle. De tout temps, en France, il a existé, à côté des grands lévriers de chasse, ce qu'on appelait des levrons, c'est-à-dire des lévriers de petite taille, qui étaient plutôt des chiens d'agrément et dont Chapelle parle dans des vers que nous avons cités plus haut. En Grande-Bretagne, il y avait également au xvme siècle une race de petits lévriers : Buffon la mentionne et le Dictionnaire de chasse et de pesche (1769) nous donne sur elle le renseignement suivant qui montre qu'on l'employait chez nous à courre le lapin :

Le petit lévrier d'Angleterre. On choisit les plus hauts pour courir le lapin dans une garenne ou dans quelque lieu clos; on les y tient en laisse proche une des épinières faites exprès et qui sont éloignées des trous où les lapins se retirent étant hors de terre. Si on veut faire courir le petit lévrier, on bat les épinières, le lapin sort, il veut regagner son trou, mais il se trouve barré et souvent pris parle lévrier. (T. I, p. 86.)

Il semble bien que ce « petit lévrier d'Angleterre » soit un véritable whippet et qu'à toutes les époques on ait croisé terriers et lévriers de toutes sortes pour obtenir des petits chiens très tenaces et très rapides.

D'ailleurs on voyait récemment, sous le nom de whippets, paraître souvent dans les épreuves publiques des animaux qui ressemblaient beaucoup moins au greyhound qu'au deerhound, au bull- terrier et même au collie ; et ceux-là, qui étaient quelquefois parmi les plus vites, de quels croisements comph'qués n'étaient-ils pas issus ! La taille et le poids des concurrents de ces courses sont d'ailleurs encore des plus variables : quelques-uns atteignent les dimensions d'un petit greyhound, d'autres ne sont pas beaucoup plus hauts qu'un fox-terrier : on tient compte de tout cela dans les handicaps qu'on établit.

Toutefois, la race tend très nettement à se fixer. En 1892, le Kennel Club a ouvert son stud-book aux whippets, et des classes leur ont été réservées dans toutes les grandes expositions anglaises ; c'est ainsi qu'on les a vus à Darlington et ailleurs. Aujourd'hui, il existe un club spécial, reconnu par le Kennel Club, c'est le Whippet Club, dont le secrétaire est M. B. Fitter. Mais le whippet, comme le greyhound, est plutôt un chien de sport qu'un chien d'exhibition (dont il convient au reste de se féliciter) ; on expose peu les grands et les petits lévriers de course. Il n'y a guère d'inscriptions de snap dogs au K. C. Stud Book, et la plupart d'entre elles ne comportent aucun pedigree.

Sans doute, on mélangera encore le sang du terrier à celui du whippet, comme on a fait parfois celui du dogue à celui du greyhound, et pour la même raison : pour augmenter la ténacité et le mordant. Néanmoins, le modèle idéal du whippet est maintenant bien arrêté. Et ce qu'on rencontre presque partout en Angleterre, ou en tout cas ce qu'on prime aujourd'hui dans les expositions sous ce nom, c'est un petit lévrier à poil ras, de 8 à 12 kilogrammes environ, qui n'est pas identique, certes, mais qui est fort semblable au greyhound.
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ORIGINE Au début, le snap dog ou whippet était uniquement
PU NOM Destiné à courre le lapin comme le greyhound court le lièvre ; or le gagnant au rabbit coursing est, sans autre considération, celui qui happe le premier la proie : d'où l'un des noms du petit lévrier dont nous parlons ici : snap dog, chien hap- peur. Mais quant à son autre appellation, bien malin qui saurait dire avec certitude d'où elle lui vient. Va-t-il reçue parce qu'il whip up le lapin sur lequel il a été slippé, parce qu'il l'atteint comme un coup de fouet ? Ou parce qu'il y a de l'analogie entre la lanière qu'on fait claquer et son galop étonnamment souple, onduleux et rapide ? L'image serait en ce cas amusante et juste. Mals rien, absolument rien, encore une fois, ne prouve que cette explication du nom du whippet soit la bonne.
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POIN TS1DU Us ne sont pas fixés aussi absolument que ceux du WHIPPET levrier russe ou du greyhound, par exemple; pourtant il est possible de déterminer assez exactement ce que doit être un beau whippet.
Taille, poids, robe. — Le whippet est plus grand que la levrette d'Italie et plus petit que le sloughi; mais sa taille varie beaucoup selon les individus. On voit parfois des chiens de 5 kilogrammes se mesurer en course contre des chiens de 15 ; mais on admet qu'un whippet de 40 à 50 centimètres environ, pesant de 8 à 10 kilogrammes, est celui dont la vitesse est la plus grande relativement au poids et à la taille, et ce sont donc là les dimensions les plus désirables. Quant à la robe, elle a les mêmes nuances que celle du greyhound : il y en a de rouges, de bleues, de bringées, de noires, de blanches, et de toutes ces couleurs combinées. Enfin quelques chiens ont le poil dur ou presque dur, et on en a vu, ainsi habillés, gagner de bonnes épreuves et faire montre de beaucoup de qualités. Mais ceux-ci forment l'exception ; le whippet doit avoir et a presque toujours le poil lisse et ras, non moins fin que celui du grand lévrier anglais.
Tête. — Le nez pointu, mais peut-être un peu moins long, relativement, que celui du greyhound. Mâchoires sèches et solides ; dents toutes semblables à celles du grand lévrier anglais. Les oreilles, plantées bien arrière, doivent être petites; quand l'animal est excité, elles se dressent parfois toutes droites et sans cassure, ce qui donne au chien une physionomie particulière ; mais la plupart des whippets ont exactement l'oreille pliée du greyhound. L'arcade sourcilière est parfois un peu saillante et les yeux peuvent être de toutes les couleurs ; mais ils doivent paraître intelligents et pleins d'ardeur.

Cou. — Semblable à celui du greyhound.
Poitrine et avant-main. — Semblables à celles du greyhound. La poitrine pas trop large, mais profonde, pour que le cœur et les poumons aient tout l'espace nécessaire. L'épaule très oblique afin que les pattes puissent s'allonger parallèlement au sol et atteindre plus loin dans la foulée.
Dos et arrière-main. — Le whippet étant surtout un chien de vitesse, peut paraître un peu moins sec que le greyhound ; il a souvent le ventre un peu moins relevé et les côtes moins visibles. Mais son dos est au moins aussi arqué, et la masse musculaire de ses reins, et surtout de ses cuisses, est peut-être plus forte encore relativement au corps.
Pattes. — Semblables à celles du greyhound : longues jusqu'au poignet et au jarret, courtes du jarret et du poignet aux doigts. Les pattes de derrière un peu plus longues que celles de devant. Les pieds ronds et serrés ; les ongles solides et la sole dense comme il convient à un chien destiné à courir parfois en terrain dur.
Apparence générale. — Un petit lévrier en miniature, fort semblable au greyhound, mais plus « sous soi » dans ses aplombs ; plus animé, plus mobile dans ses gestes, bref moins flegmatique d'aspect et moins noble d'attitudes. Les allures diffèrent aussi : au trot, le whippet ne « rase pas le tapis » autant que le greyhound (certains whippets ont même tout à fait le trot piaffant de la levrette itaHenne) ; au galop au contraire, étant avant tout un chien de vitesse destiné à courir sur des pistes unies, le whippet s'allonge encore plus prêt du sol que le greyhound.

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SON CARACTÈRE Tel est ce charmant petit animal qui unit à la beauté du greyhound toute la vivacité d'esprit et de mouvements du terrier. Car c'est surtout en songeant à lui qu'on trouve inique l'opinion trop répandue chez nous que les lévriers manquent d'esprit. Il n'est rien qu'on ne puisse faire comprendre et qu'on ne puisse apprendre à un whippet, et on le dresserait plus aisément que le fox-terrier à tous les tours et exercices des chiens savants : je suis étonné (et ravi) que les amateurs de ces jeux mélancoliques n'aient point songé à l'utiliser.

Chien de sport passionnant, le whippet est à l'occasion le plus délicieux des chiens d'appartement. Il a la fidélité proverbiale du lévrier et, possédant toute l'intelligence du fox-terrier, il n'en a pas l'indépendance souvent excessive à la promenade et la turbulence trop bruyante à la maison. Vraiment, nul ami des chiens ne peut résister à ce petit compagnon si gai, si joli et si affectueux ; et, même dans la population ouvrière, auprès des rudes mineurs d'Angleterre dont le whippeting est le sport par excellence comme le coursing est celui des hautes classes, on voit le plus souvent le whippet choyé et caressé comme l'enfant de la maison.

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